13 Août 2020

[Vidéo] Le 1er pas sur Mars | #CPQ05

Vous vous demandez si l’Homme a déjà foulé le sol de la planète Mars ? La réponse est non… Enfin pas vraiment. Matt Damon l’a déjà fait mais ça, c’était dans le film « Seul sur Mars », sorti en 2015. Alors, c'est pour quand le 1er pas sur Mars ?

Les radiations

Vous vous dites peut-être qu’envoyer des hommes sur Mars c’est comme envoyer des hommes sur la Lune mais en plus loin ? Vous allez voir que marcher sur cette planète, c’est un peu plus compliqué que ça, mais pas impossible ! Déjà, Mars se trouve beaucoup plus loin de nous que la Lune. Au plus proche de la Terre, la distance Terre-Mars, c’est 150 fois la distance Terre-Lune . En temps de trajet, il faut compter entre un an et un an et demi pour faire l’aller-retour. Mais le plus redoutable dans tout ça, ce n’est pas la distance, ce sont les radiations ! Ces radiations, elles viennent essentiellement du Soleil. En fait, sur Terre on est protégés, heureusement, grâce à un bouclier magnétique invisible. Ce bouclier, il enveloppe tout le globe terrestre. Mais à partir de 1 000 km de distance, cette protection n’existe plus .

Sur Terre, on est protégés des radiations grâce à un bouclier magnétique invisible. Crédits : NASA.

Jean Blouvac, exploration et vol habité, CNES

« Les radiations proviennent des événements solaires et du flux permanent du rayonnement cosmique. Un astronaute en un seul voyage aller-retour vers Mars absorberait environ 1000 fois la dose annuelle reçue sur Terre au niveau de la mer. Ces particules à haute énergie pourraient réduire la réponse immunitaire de l'organisme, augmenter le risque de cancer, produire des effets sur la mémoire et sur le comportement. Elles interférèrent aussi avec le matériel électronique. »

Admettons qu’une solution soit trouvée pour lutter contre ces radiations… Les soucis ne s'arrêtent pas là ! Il faudra ensuite faire atterrir notre équipage sur la planète rouge à un endroit très précis. Et là, les obstacles sont nombreux. Contrairement à la Lune, Mars possède une fine atmosphère. Pour ne pas être réduit en cendres pendant la descente, le vaisseau devra ralentir sa vitesse en arrivant quand-même très très vite, à 18 000 km/h.

J. B. : « Il faut savoir que les robots envoyés actuellement sur Mars avec les systèmes de descente utilisés sont capables d’absorber des décélérations vertigineuses, de l’ordre de 10 à 15g, ce que des humains pourraient très mal supporter après un aussi long voyage dans l’espace. Il faudra donc travailler la séquence d’atterrissage avec des masses de véhicules bien plus importantes. Pour cela, nous devons améliorer notre connaissance de la dynamique de l’atmosphère martienne. »

Thomas Pesquet sur Mars ?

C’est tellement difficile de se poser sur Mars qu’une mission sur 2 envoyée vers la planète rouge, depuis les années 70, s’est crashée au sol. L’atterrisseur Schiaparelli, de la mission européenne ExoMars, en a encore fait les frais en 2016… Allez… Admettons que l’atterrissage se fasse sans encombre… Sur place, les conditions sont dantesques. L’air est saturé en CO2, les températures peuvent descendre jusqu’à -80°C et les tempêtes de poussières forment un épais brouillard qui peut durer plusieurs mois d’affilée. Il faudra donc bien préparer l’arrivée des premiers astronautes de sorte qu’ils n’aient que quelques centaines de mètres à parcourir pour se mettre à l’abri dans des habitats déjà construits. Ils séjourneront ensuite, sur place, pendant 12 à 18 mois. Et puis, il sera temps pour notre équipage de revenir sur Terre. Et là, tout est à inventer puisque ça n’a jamais été tenté ne serait-ce qu'une seule fois .

Thomas pesquet, astronaute, esa

« Moi j'en rêve, je pense comme beaucoup d'astronautes. J'imagine ça comme une aventure dingue, marcher sur Mars, c'est se confronter au milieu le plus extrême qu'on puisse connaître? C'est ce qu'il y a de plus loin mais à des distances qu'on n'imagine même pas… C'est dépasser la condition humaine et l'échelle de l'Homme. J'imagine ça comme quelque chose d'extrêmement émouvant, d'un peu historique, d'extrêmement difficile mais une aventure dont on revient entièrement différent, complètement changé, et c'est ça qui fait rêver. »


Mais au fait c’est pour quand tout ça ? Un voyage vers Mars n’est possible que tous les 2 ans. Mais il y a des fenêtres de tir plus favorables tous les 15 ans. Elles permettent d’économiser du carburant car le trajet est plus rapide , un peu comme le vol retour d’un Paris-New-York. La fenêtre de 2003 a été utilisée pour lancer la mission Mars Express de l’ESA, à laquelle nous sommes fiers de participer et en 2018, c’est le robot InSight qui s’est posé en douceur sur la planète rouge avec notre sismomètre à bord. Celle de 2033 sera-t-elle celle de l’homme sur Mars ? Rien n’est moins sûr…

Pour en savoir plus

Le vaisseau pénétrera dans l'atmopshère martienne à 18 000 km/h. Crédits : NASA.