30 Avril 2020

[Quézako?] Un ballon dans le sas du déconfinement

Un ballon stratosphérique se prépare pour s’envoler fin août depuis la Suède avec 5 instruments scientifiques. Les équipes du CNES s'adaptent aux contraintes liées à l’épidémie de COVID-19.

Lâcher d’un ballon stratosphérique ouvert en 2015 depuis le Canada. Crédits : CNES/GRIMAULT Emmanuel, 2015. 

Cinq ballons stratosphériques ouverts devaient être lâchés depuis la base de Kiruna en Suède entre le 07/08 et le 04/09/2020. L’épidémie de COVID-19 a eu raison de 4 d’entre eux. Un vol — appelé XENON — est maintenu contre vents et marées. 

Une fenêtre de lâcher unique dans l’année

On a rendez-vous avec les vents !

Les 2 dernières semaines d’août sont les seules dans l’année où les vents stratosphériques sont suffisamment faibles aux latitudes de Kiruna pour permettre aux ballons de voler de 10 à 15h entre 20 et 40 km d’altitude sans être emportés au-dessus de l’océan Atlantique ou de la Russie » explique Vincent Dubourg, sous-directeur Ballons au CNES. 

Pour ne pas manquer ce rendez-vous, le CNES a réservé des conteneurs pour emmener le ballon, ses équipements et instruments vers la péninsule scandinave début juillet. Le départ est prévu depuis Bordeaux. Mais pas facile de préparer des bagages de plusieurs dizaines de tonnes en plein confinement ! Pour y parvenir, depuis le 22/04/2020, quelques membres de l’équipe sont retournés travailler individuellement – et en prenant toutes les précautions exigées par la situation sanitaire – sur la base historique d’opérations des ballons du CNES à Aire-sur-l'Adour dans les Landes, à 25 km au sud-est de Mont-de-Marsan.


Vincent Dubourg, sous-directeur Ballons au CNES. Crédits : CNES/E. Grimault.

Se préparer durant l'épidémie de COVID-19

Durant les semaines de confinement, les ballonniers et ingénieurs ont révisé – chacun-e chez soi – les procédures, réalisé des simulations de vols, défini l’aménagement des instruments dans la nacelle scientifique. Mais passer à la pratique est maintenant nécessaire pour tenir le planning : vérifier et valider le matériel (les moyens de lâcher, les différentes nacelles, les systèmes informatiques de commande et de contrôle du vol, les accessoires de la chaîne de vol, les parachutes...), fixer et tester les instruments dans la nacelle scientifique, réapprendre les gestes,… Tels des sportifs, pilotes de ligne ou médecins, les opérateurs doivent « répéter leurs gammes » !

A Toulouse, nous prévoyons de reprendre le 11/05, avec des petites équipes de 3-4 personnes...

« A Toulouse, nous prévoyons de reprendre le 11/05, avec des petites équipes de 3-4 personnes présentes en même temps dans le hall d’intégration afin d’aménager et certifier progressivement la nacelle scientifique. Nous travaillons avec le service Santé et Sécurité du CNES afin de définir les mesures barrières » indique Vincent Dubourg.

L’équipe est aussi attentive à la situation et aux recommandations en Suède. Il est bien entendu hors de question de mettre en danger les salariés du CNES et leurs familles. « Si nous devons annuler ce vol pour des raisons de sécurité, nous le ferons. Il pourrait aussi arriver que la base de Kiruna soit fermée en août à cause du COVID-19. Mais, pour l’instant, rien n’empêchant ce projet, nous continuons la préparation. Cela donne aussi un objectif à toute une équipe habituée aux challenges opérationnels ; le facteur humain compte dans un tel contexte. »

Comme de coutume chez les « ballonniers » du CNES, nous souhaitons  « bon vent ! » à cette campagne arctique particulière.

Position de Kiruna sur la carte de la Suède. Sa latitude élevée permet de recueillir des données intéressantes sur la structure des couches hautes de l'atmosphère terrestre. Crédits : Wikipedia/Silverkey.

Les 5 instruments du vol XENON

Le vol XENON comportera 5 instruments scientifiques fixés sur la nacelle scientifique Carmencita, conçue et opérée par le CNES, pour un poids total de 450 kg :

  • l’instrument Xenon de l’IPGP (l'Institut de Physique du Globe de Paris) composé de bonbonnes sous vide qui aspireront l’air à haute altitude et permettront de déterminer, par la suite en laboratoire, la concentration isotopique de ce gaz rare Xenon dans la stratosphère
  • l’expérience Bernadotte de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) qui étudiera les impacts biologiques des rayons cosmiques sur des cellules humaines
  • l’instrument Floats du projet Stratéole-2 qui permettra de tester le lâcher et le déroulement en vol d'une chaîne instrumentale de 2 km de long !
  • NLC, un imageur spectral de nuages polaires stratosphériques réalisé par l’Institut suédois de physique spatiale
  •  ALI , un imageur capable de mesurer la concentration des aérosols de l'Université de Saskatchewan au Canada.

En photo : la nacelle Carmencita en 2018 au Canada. Crédits : CNES/R. Gaboriaud.

En savoir plus

Published in: 
For targets: