Le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou ou le « Port spatial de l’Europe » inclut le solaire dans son plan de transition énergétique. La base devrait compter, à terme, 2 parcs photovoltaïques et 2 centrales biomasse et atteindre 90% d’énergies renouvelables (EnR) d’ici 2030. Crédits : Voltalia Guyane Caraïbes/A. Le Devehat.
L'équivalent de 5 terrains de football !
Des rubans de panneaux solaires ou photovoltaïques s’étirant le long de la route de l’Espace… Voilà à quoi pourra bientôt ressembler le Centre spatial guyanais (CSG). Si l’illustration ci-dessus est pour l’instant une image de synthèse, les équipes pourront déambuler le long de vrais panneaux photovoltaïques d’ici à l’été 2023. Plus précisément, 4,5 ha du CSG seront couverts par plus de 10 000 panneaux. L’équivalent d’environ 5 terrains de football ! Un équipement inédit au sein du CSG.
L’installation vous parait démesurée ? Il faut pour cela rappeler que le CSG, cette base de lancement européenne cogérée par le CNES, est un centre industriel exceptionnel. Sa superficie représente la moitié de la Martinique ! «15 à 18 % de la production nationale d’électricité en Guyane est consommée par le CSG », précise Didier Cauquil, expert senior maîtrise des énergies et infrastructures au CSG, CNES. Au sein du CSG, le CNES ne compte que pour environ un tiers de la facture d’électricité, le reste étant consommé par les différents industriels présents sur la base.
Cette consommation électrique contribue malheureusement aux émissions de gaz à effet de serre (GES) en raison de l’empreinte carbone élevée de l’électricité guyanaise. Cette dernière est en partie produite par des groupes électrogènes fonctionnant au diesel et par le barrage hydroélectrique du lac de Petit Saut. Cette retenue d’eau rejette beaucoup de méthane – un puissant GES – dans l’atmosphère en raison des forêts ennoyées qui s’y décomposent.
Didier Cauquil, expert senior maîtrise des énergies et infrastructures au CSG, CNES. Crédits : ESA/CNES/Arianespace - Optique vidéo du CSG.
30 fois moins d'émissions de gaz à effet de serre
Le 1er champ photovoltaïque du CSG, d’une capacité de 4,2 mégawatts (MW), sera en mesure de produire 7 gigawattheures (GWh) par an d’électricité, soit un peu moins d’1/4 de la consommation annuelle des établissements du CNES au CSG. À la clé ? 30 fois moins d’émissions de GES par rapport à l’électricité fournie par EDF.
Les panneaux photovoltaïques retenus sont énergétiquement très performants, ils présentent l’un des meilleurs bilans carbone du marché (350 kilogrammes d’équivalent CO2 par panneau).
Didier Cauquil, expert senior maîtrise des énergies et infrastructures au CSG, CNES.
Et qui dit autoproduction d’électricité, dit baisse de la facture énergétique… Des économies importantes seront faites. Entièrement financés dans le cadre du Plan France Relance, à hauteur de 5 millions d’euros, les travaux de construction du champ photovoltaïque ont été confiés à la société Voltalia, retenue à l’issue d’un appel d’offre. Ils débuteront en juin 2022 pour s’achever à l’été 2023.
Le CSG se met au vert
L’installation du 1er champ photovoltaïque marque le début de la transition énergétique du CSG. Un 2e champ – financé par le CNES et l’ESA – sera installé d’ici fin 2023. D’une taille équivalente, il aura la même capacité de production que le premier et fournira de l’électricité aux établissements du CNES ainsi qu’aux industriels présents au CSG. Deux unités de biomasse en cogénération compléteront le dispositif de production d’électricité renouvelable d’ici début 2025.
Des réflexions à plus long terme sont même déjà engagées. « La prochaine étape consistera à verdir la production d’hydrogène, à recourir aux piles à hydrogène et à décarboner les processus industriels lors de leur rénovation, confie Didier Cauquil. Elle devrait être engagée d’ici 2025. »