6 Décembre 2019

[Quézako?] Tourbillons de banquise en Arctique

Gracieuses, ces volutes glacées ont été immortalisées par le satellite européen Sentinel-2 à l’Est du Groenland. C’est une Italienne, passionnée par l’observation de la Terre depuis l’espace, qui les a repérées et diffusées sur Twitter.

Crédits : Copernicus Sentinel data 2019 processed by Annamaria Luongo/SpaceTec Partners.

En mouvement permanent

Saviez-vous que toutes les images prises par les satellites d'observation du programme européen Copernicus sont visionnables en temps quasi-réel ? Plusieurs sites les proposent comme la plateforme PEPS du CNES. Plus facile d’accès pour le commun des mortels : Sentinel-Hub. C’est d'ailleurs sur ce site qu’Annamaria Longo, doctorante italienne en géosciences et consultante pour la société SpaceTec Partners, a repéré ces gracieuses volutes glacées sur des images acquises par le satellite Sentinel-2B le 26/10/2019 à l'Est du Groenland (voir son tweet).

Ces glaces de mer font partie de la zone marginale de la banquise arctique. Elles s’étendent sur 150 km de large et près de 200 km de long sur l’image présentée ci-dessus. Soumises aux courants océaniques et vents de surface, elles sont en mouvement permanent avec des vitesses de déplacement de plusieurs km par jour. Elles ont emprisonné des icebergs issus de la fragmentation de la calotte glaciaire du Groenland, comme le montre le zoom ci-dessous. 

En orbite polaire à 800 km d’altitude, les satellites Sentinel-2 réalisent des images en continu de notre Terre, avec une résolution au sol de 10 m dans le spectre visible. Crédits : ESA.

Glaces de mer et icebergs issus de la fragmentation de la calotte glaciaire du Groenland immortalisés par le satellite Sentinel-2B le 26/10/2019. Crédits : Copernicus Sentinel data 2019 processed by Annamaria Luongo/SpaceTec Partners.

Voyez-vous les ombres sur ce zoom ? Ce sont celles d'icebergs provenant de la fragmentation de la calotte glaciaire du Groenland.

La banquise, aux premières loges du réchauffement climatique

La diminution de l’épaisseur de la banquise est encore plus drastique que la diminution de son extension.

Depuis près de 40 ans, des satellites équipés de radiomètres imageurs dressent les cartes de l'extension de la banquise autour du pôle Nord. Avec un constat alarmant : entre 1984 et 2019, l’extension géographique de la banquise arctique a diminué de plus d'un tiers face à la hausse des températures particulièrement importante au pôle Nord. Libre de glace, l’océan arctique absorbe alors directement l’énergie du Soleil et se réchauffe, ce qui amplifie la fonte de la banquise et limite sa formation avec des impacts sur la circulation océanique mondiale. 

« La diminution de l’épaisseur de la banquise est encore plus drastique que la diminution de son extension. Ces informations proviennent des satellites altimétriques tels que Cryosat-2, SARAL, Sentinel-3 ou Icesat-2. L’épaisseur des glaces de mer est actuellement l’un des paramètres les moins connus des modèles climatiques globaux » souligne Amandine Guillot, en charge des études sur les glaces de mer au CNES. «  La disparition de la banquise arctique a des impacts sur la circulation océanique, sur le climat mais aussi sur le mode de vie des populations locales et la faune. » 

Epaisseur de la banquise arctique observée par CryoSat-2 en octobre 2018 et mars 2019. Crédits : LEGOS.

En septembre 2019, l'extension de la banquise arctique est proche du record minimum de 2012. Crédits :  NOAA climate.gov/ NSIDC. 

Lancé en 2010, Cryosat-2 est le seul satellite d’altimétrie radar à survoler la quasi-totalité des pôles. Crédits : ESA – P. Carril.

ARCTIC WEEK

Le CNES est partenaire de la conférence internationale Artic Week qui se tiendra du 9 au 13 décembre 2019 au Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères à Paris. 

Les pôles, une priorité pour l'Europe

 « Les pôles sont une priorité pour l’Union européenne et les scientifiques. Deux missions – CRISTAL et CIMR – figurent parmi les 6 missions prioritaires candidates pour l’extension des satellites Sentinel du programme Copernicus, en cours de définition au niveau européen » indique Anne Lifermann, responsable de la thématique Cryosphère au CNES. CRISTAL serait dédié à la mesure de l'épaisseur des glaces, CIMR à la mesure simultanée de l’extension des glaces et de la température de surface des océans Lancement au plus tôt en 2026.

Crédits : ESA, the image contains modified Copernicus Sentinel data (2017), processed by ESA.