Photo prise dans l'antre de la table de lancement de la fusée Diamant en février 2020. Crédits : 2020 ESA-CNES-Arianespace/Optique vidéo du CSG - P. Baudon.
Il y a 50 ans, ces multiples trous superposés canalisaient les gaz de la 1ere fusée française, le lanceur Diamant. Nous sommes dans l'antre de la table de lancement, au Centre spatial guyanais. Entre 1970 et 1975, 8 tirs y seront effectués, jusqu’à l’abandon définitif du programme Diamant au profit de la fusée européenne Ariane. Ce pas de tir historique, endormi depuis 45 ans, va prochainement revivre ! Il va devenir le terrain d'essai du véhicule expérimental Callisto développé par la France, l'Allemagne et le Japon.
Démonstrateur d'un 1er étage de lanceur récupérable et réutilisable, Callisto décollera du même endroit que Diamant avec un 1er tir prévu en 2023. Un peu de nettoyage s'impose avant. La table de lancement et le portique de 35 m de haut seront notamment détruits à l'explosif. « 2 démineurs d'Eiffage Démolition doivent venir de métropole avec les charges explosives. Avec la situation épidémique COVID-19 en Guyane, il est très difficile de savoir quand. On espère leur venue avant fin 2020 » indique Jean-François Niccolaï, chef de projet du segment sol Callisto au CNES. Après la destruction, un mois sera nécessaire pour le nettoyage de toute la structure métallique tombée au sol.
L’ancien site de lancement de Diamant sera totalement réhabilité et une grande partie des bâtiments existants réutilisés pour accueillir Callisto. Crédits : ESA-CNES-Arianespace/Optique vidéo du CSG.
ATTERRISSAGE VERTICAL
Lors de son 1er vol, Callisto s’élèvera seulement de quelques mètres au-dessus du sol mais l’exploration du domaine de vol s’étendra progressivement pour atteindre au terme de la campagne de 10 vols une altitude de 30 à 40 km. « Après la phase ascensionnelle et la manœuvre de retournement, on arrête le moteur pour effectuer un retour plané, il faut ensuite le rallumer et adapter sa poussée pour pouvoir freiner à l’atterrissage » explique Sylvain Guédron, chef de projet Callisto à la direction des lanceurs du CNES. Une précision inférieure à 2 m est visée lors de cet atterrissage vertical.
« Pour des raisons de sécurité, les opérations de déconnexion et de reconnexion des servitudes (à savoir l’azote, l’hélium) et des liaisons électriques (énergie, bus de communication) seront réalisés avec un robot - ce qui est une nouveauté pour nous. Ce robot permettra de reconnecter le plus vite possible le véhicule expérimental après atterrissage afin de pouvoir ventiler ses équipements et le remettre en sécurité vis-à-vis des produits dangereux et explosifs qu’il contient comme l’hydrogène. »
Simulation du décollage de Callisto au Centre spatial guyanais. Crédits : CNES.
Après CALLISTO, THÉMIS !
Une fois les essais Callisto réalisés, l’ancien site Diamant servira au futur démonstrateur d'étage réutilisable Thémis développé par le CNES, l’agence spatiale européenne (ESA) et ArianeWorks (plateforme commune entre le CNES et ArianeGroup). Thémis sera 10 fois plus gros que Callisto et les 1ers vols de test sont évoqués pour 2024. Par la suite, le site réhabilité pourrait accueillir des micro-lanceurs commerciaux issus du New Space. Une vraie renaissance pour un site historique !
La table de lancement de Diamant (structure métallique jaune) entourée du portique construit à la fin des années 60 par l’entreprise Bordeaux-Sud. Crédits : 2020 ESA-CNES-Arianespace/Optique vidéo du CSG - P. Baudon.
Photo prise sur la table de lancement entourée par le portique en février 2020. Crédits : 2020 ESA-CNES-Arianespace/Optique vidéo du CSG - P. Baudon.
Haut de 13 m et d’un diamètre de 1,1 m, Callisto est développé par les agences spatiales de trois pays : France (CNES), Allemagne (DLR) et Japon (JAXA). Crédits : CNES.
Préparation du retour au Centre spatial guyanais avec l'ouverture des 4 gouvernes aérodynamiques situées sur la partie haute qui permettront de piloter Callisto. Crédits : DLR.