1 Octobre 2020

[Quézako?] Ce satellite sera bientôt dans l'enfer de l’espace !

En novembre 2020, le satellite Taranis va décoller de Kourou. Prêt pour le grand saut dans l’enfer de l’espace ?
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Préparation du satellite Taranis pour des essais vide thermique en février 2019. Crédits : CNES/TRONQUART Nicolas, 2019.

Sur la photo ci-dessus, prise en février 2019, le satellite Taranis — tel une pieuvre munie de gigantesques bras — se prépare à rentrer dans une « porte de l’enfer ». A savoir dans un caisson d’essais de 3 m de diamètre qui reproduit le vide et les variations de températures qu’il va rencontrer en orbite à 700 km autour de la Terre durant ses 2 à 4 ans de mission.

Pourquoi l’enfer ?

Car l’espace, c’est le vide. Quasiment zéro matière — excepté quelques débris spatiaux et particules cosmiques hyper énergétiques qu'il ne fait pas bon de croiser. Pour Taranis, ce vide n’est pas un souci car ses moyens de communications (émetteur, récepteur) lui assureront de garder le contact plusieurs fois par jour avec une équipe opérationnelle à Toulouse et une équipe scientifique à Orléans. Taranis gardera donc le contact avec la Terre et le moral !

Ce qui est moins sympa, c’est la température. Quand Taranis sera face au Soleil, il sera exposé à des températures de +150 °C. Quand il sera dans l’ombre de la Terre, il fera -120 °C. Avec des basculements d’un extrême à l’autre en seulement quelques min ! Pour y faire face, le satellite est doté de protections thermiques, petits réchauffeurs internes et radiateurs de refroidissement. Et tout cela fonctionne très bien : c'était l'objectif de l'essai réalisé dans le caisson en février 2019 ! Cette vérification s'est réalisée grâce à une multitude de capteurs de températures présents à l'extrémité des « bras de la pieuvre » (des câbles entortillés protégés par des protections thermiques dorées et argentées). Les températures sont bien restées dans une gamme compatible avec le fonctionnement du satellite et de ses 8 instruments.

Dernière caractéristique pas très sympa de l'espace : il est parcouru par des flots de particules énergétiques et rayonnements éjectés lors des éruptions solaires ou explosions d’étoiles. A 700 km d’altitude, Taranis sera en grande partie protégé de ces particules bien plus nombreuses à 1 000 km d’altitude. Et puis, ce n’est pas Taranis, dieu de l’orage dans la mythologie gauloise, qui va avoir peur de l’enfer spatial ! 

Taranis devant le caisson d’essai qui reproduit le vide et des variations de températures extrêmes (- 120 °C / +150 °C). Crédits : CNES/N. Tronquart.

Avant son départ pour Kourou, Taranis a été recouvert de sa protection thermique définitive : une isolation multi-couche noire. Crédits : CNES/E. Grimault.

Taranis, à la découverte de la face cachée des orages 

Taranis est un satellite français dédié à l'étude des flashs lumineux et gamma se déroulant entre 20 et 100 km d’altitude, au-dessus des nuages d’orages. Découverts en 1989, ces flashs restent mystérieux et portent des noms très divers selon leur forme et altitude : « elfes », « sprites », « blue-jets », « jets géants », « flash gamma »... Les  instruments de Taranis seront capables d’enregistrer – simultanément et à haute résolution – leurs signatures optiques, X-gamma, électroniques et électromagnétiques. Une première ! Le CNES est le chef d’orchestre de cette mission : nous avons assuré la maîtrise d’œuvre, l’intégration des instruments sur la plateforme issue de notre filière Myriade et les essais de Taranis. Nous sommes en charge de l’exploitation de la mission et du centre opérationnel basé à Toulouse. Le centre de mission scientifique, lui-même basé à Orléans, est piloté par le LPC2E, le laboratoire qui a la responsabilité scientifique des instruments et des données.

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