15 Novembre 2019

[Quézako?] Ce drone est un prototype de lanceur aéroporté

En version XXL, ce drone pourrait un jour larguer des fusées en haut de l'atmosphère et mettre des satellites en orbite.

Crédits : CNES/ESA/Arianespace/Service Optique Vidéo-JM Guillon, 2019.

Ce drôle de drone s'appelle Eole. D'une envergure de 7 m, il est doté d’un double fuselage, de 2 turboréacteurs et porte, en son centre, une maquette de fusée. Co-développé par l’Onera, le CNES et Aviation Design dans le cadre du projet Perseus, Eole a réalisé sa 3e série de vols entre le 4 et le 7/09/2019. Ces essais se sont déroulés pour la 1ere fois depuis l’aérodrome du Centre spatial guyanais (CSG) avec, lors du dernier vol, le largage de la maquette de fusée à 1000 m d’altitude. Facile me direz-vous ! Sauf que personne n’était dans l’aéronef pour appuyer sur le bouton, commander la séparation et éviter la fusée, si besoin. 

« Il nous a fallu atteindre la bonne "attitude" avec le porteur (pente, vitesse, accélération) pour effectuer la manoeuvre de séparation et de largage. Des interactions inertielles et aérodynamiques peuvent se produire durant le largage. Pour éviter tout accident, la maquette de lanceur était équipée d’une avionique qui a communiqué de manière efficace avec le porteur pendant cette opération délicate » explique Jean Oswald, expert au CNES et responsable de ces essais au CSG. Une fois séparée, la maquette de fusée a poursuivi une trajectoire balistique qui s’est terminée dans l'océan Atlantique.

L'europe vers des lancements aéroportés ?

Ces essais se sont réalisés dans le cadre du projet Altair dont l'ambition est de doter l'Europe d'un lanceur spatial aéroporté - une idée semblable est poursuivie par Virgin Galactic avec son Launcher one. Il faut alors imaginer :

  • Un drone bien plus grand, d’une trentaine de mètres, soit de la taille d’un avion de type A320, qui reviendrait au sol pour être à nouveau utilisé,
  • Une fusée qui allumerait ses moteurs après la séparation afin d’emmener des satellites de 50 à 100 kg, cachés sous sa coiffe, de 10 km à 400-1 000 km d'altitude.

Quels intérêts ? Réduction des coûts et flexibilité ! La fusée pourrait être de 30 à 50% plus petite car elle n’évoluerait pas dans les couches les plus denses de l’atmosphère, là où les frottements sont les plus importants. « De tels lancements avec un porteur réutilisable apporteraient souplesse et flexibilité pour les  petits satellites dont les dates et altitudes de mise sur orbite sont aujourd'hui tributaires de celles des gros satellites » indique Jean Oswald. Un bémol ? Pas de décollage vertical ! Fini les belles photos et vidéos des lancements. Il va falloir re-penser la communication autour de ces lancements d'un nouveau genre...

Gros plan sur la maquette de la fusée. Crédits : CNES/ESA/Arianespace/Service Optique Vidéo-JM Guillon, 2019. 

 

Illustration d'artiste du largage de la fusée. Crédits : Onera.

 

Retour d'Eole sur l'aérodrome du CSG. Crédits : CNES/ESA/Arianespace/Service Optique Vidéo-JM Guillon, 2019.

ALTAIR « IN THE AIR »

Coordonné par l'Onéra, le projet Altair est financé par l’Union Européenne à travers le programme Horizon 2020 (3,5 millions d’euros) et par la Suisse (0,5 millions d’euros). Crédits : Bertin.

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