25 Novembre 2016

On a marché sur la Lune !

L’astronaute français de l’ESA, Jean-François Clervoy, s’est prêté à une expérience unique : marcher en immersion totale sur la Lune, mais à bord d’un avion… Explications.

Un homme a marché sur la Lune tout en restant sur Terre, ou presque… Une expérience d’un nouveau genre à laquelle s’est prêté l’astronaute français de l’ESA, Jean-François Clervoy, pendant un vol parabolique le mois dernier. Le Président de la société Novespace, filiale du CNES qui est propriétaire et opère l’Airbus A310 ZERO-G en France, n’en revient pas : " Excellent, c’est excellent ! J’avais un module lunaire à portée de main avec le nom Novespace dessus et le décor… La Lune, la vraie Lune avec une petite plateforme au sol qui me permettait de me repérer, raconte Jean-François Clervoy, Quand je faisais des bonds, j’étais en vraie gravité lunaire, le sol s’échappait sous mes pieds au même rythme ".

En effet, si l’avion de Novespace est capable de reproduire l'impesanteur (absence de pesanteur) pendant plus d'une vingtaine de sec d’affilée plusieurs fois par vol, il peut aussi reproduire sur le plancher de la cabine une gravité dite "lunaire", 6 fois moins importante que sur Terre. Avec l’explosion de la réalité virtuelle ces dernières années, en particulier la mise sur le marché de masques de plus en plus perfectionnés, le vol "lunaire" en immersion totale a pu voir le jour avec l’aide de la société d’innovation en réalité virtuelle Orbital Views.

J’ai fait une seule parabole de 25 sec mais j’aurais pu en faire 4 ou 5 d’affilée

Jean-François Clervoy a donc activé son masque au moment de "l’injection", cette phase du vol, au début de la parabole, où les gaz sont réduits pour compenser la trainée aérodynamique résiduelle et où l’avion décrit un grand arc balistique dans le ciel. A l’intérieur du masque : un visuel lunaire de synthèse à 360° évoluant en cohérence totale avec les déplacements physique du corps. "Par rapport à toutes mes expériences passées de simulation de gravité lunaire, là je m’y croyais vraiment, raconte l'astronaute. J’ai fait une seule parabole de 25 sec mais j’aurais pu en faire 4 ou 5 d’affilée. Ajouter le visuel virtuel au proprioceptif réel, c’est le top !"



Expérience "Moonwalk" en gravité lunaire pendant un vol parabolique en octobre 2016. Crédits : I.C.E.B.E.R.G.



Le principe du vol parabolique. Crédits : CNES.

Mais à quoi cette expérience va-t-elle bien pouvoir servir ?

Une option que le client pourra choisir pour augmenter son expérience dans l’Airbus Zero-G de Novespace

"Pour moi, une des vocations de ce dispositif pourrait être d’accompagner psychologiquement les astronautes de façon à rompre avec la monotonie et le confinement surtout avec les vols de longue durée qui se profilent. J’aurais rêvé d’avoir ça quand  je faisais mes séances de sport en footing ou en vélo d’entraînement dans la navette spatiale. Ça pourrait aussi aider les astronautes à revivre des scénarios d’entraînement une fois en vol. C’est important pour certaines taches critiques des missions spatiales pour lesquelles il faut pratiquer régulièrement. Par ailleurs, à court terme, pour nos vols de découverte de l’impesanteur ouverts au public, cette immersion visuelle synchronisée préfigure une option que le client pourra choisir pour augmenter son expérience dans l’Airbus Zero-G de Novespace."

Le vol parabolique en France, jusque-là réservé à des expériences scientifiques et aux entraînements des astronautes européens, a en effet ouvert ses portes au grand public en 2013. Cette expérience de "Moonwalk" pourrait bien être proposée lors du prochain vol le 14 avril 2017.



Vélo d'entraînement à bord de l'ISS. Crédits : NASA.

Jean-François Clervoy

Jean-François Clervoy est astronaute français de l’ESA et Président de la société Novespace (vols paraboliques), filiale du CNES. Il est sélectionné pour la 1ere fois en 1985 par le CNES et intègre le corps des astronautes européens de l’ESA en 1992. Il a effectué 3 missions dans l’espace : 11 jours à bord de la navette américaine Atlantis en 1994 pour étudier l’atmosphère puis à nouveau 9 jours en 1997 pour ravitailler la station russe Mir et 8 jours à bord de la navette américaine Discovery en 1999 pour réparer le télescope spatial Hubble.