21 Avril 2016

Les mangroves de Guyane sous l'œil des satellites

Entre 2004 et 2012, la mangrove en face de Kourou s'est agrandie d'environ 1,5 km sur la mer. Preuves en images satellites !

Actionnez le curseur de gauche à droite pour voir l'avancée de la mangrove face à Kourou entre 2004 et 2012. Crédits : CNES, distribution Airbus DS.

8 ans séparent ces 2 images

Elles ont été capturées au-dessus de l'embouchure du fleuve Kourou en Guyane française. La plus ancienne a été acquise par le satellite SPOT-5 le 19 avril 2004, la plus récente par les satellites Pléiades le 19 mai 2012. Toutes 2 sont présentées en infrarouge, la longueur d'onde qui permet de mieux distinguer les différents types de végétation.

Visible dans le coin supérieur gauche des images, la ville de Kourou est reconnaissable à ses rues et bâtiments rectilignes. De l'autre côté du fleuve, le long de la mer, s'étend une longue mangrove côtière.

''Entre 2003 et 2011, un banc de vase gigantesque s'est progressivement étendu sur la rive droite de Kourou. Il a permis à la mangrove d’avancer d’environ 1 500 m sur la mer comme cela s’était déjà passé dans les années 1980''  indique Romain Walcker, ingénieur au laboratoire Écologie fonctionnelle et environnement (EcoLab) de Toulouse. ''Mais depuis 2012, cette mangrove ne cesse de reculer à un rythme moyen de 110 m par an.''

Comment expliquer cette dynamique ?

Pour le savoir, les chercheurs ont rassemblé les images satellites SPOT et LANDSAT et les photographies aériennes à leur disposition sur la période 1950-2010 pour l'ensemble des mangroves du littoral guyanais. Très peu perturbées par les activités humaines, les mangroves guyanaises sont parmi les mieux préservées de la planète. Uniques au monde !

Conclusion ? Les phases d'avancée et de recul des mangroves de Guyane seraient essentiellement influencées par les variations de hauteur et de puissance des vagues engendrées par les alizés, eux-mêmes régulés par l’Oscillation Nord Atlantique ou NAO.

''Lorsque la NAO est dans une phase positive, les vagues sont plus fortes. Elles remettent en suspension davantage de sédiments qui se sont déposés depuis plusieurs années dans le fond du delta aquatique de l'Amazone et au large de la Guyane'' explique François Fromard, directeur de recherche CNRS à Ecolab. 

Pour confirmer cette hypothèse, les chercheurs continuent à surveiller le ''trait de côte'' de la Guyane à l'aide d'images satellites. Ils visitent dorénavant régulièrement la plateforme PEPS du CNES afin de voir si des images capturées par le satellite européen Sentinel-2A sont aussi disponibles. Pour l'instant, elles sont toutes couvertes de nuages... L'automne devrait être plus propice : c'est alors la grande saison sèche en Guyane !

Kourou face à sa mangrove observée le 19 mai 2012 par les satellites Pléiades. Image en vraies couleurs. Crédits : CNES 2012 / Distribution Airbus DS.

Vue aérienne d'une mangrove guyanaise. Crédits : Christophe Proisy / IRD-UMR AMAP.

Le saviez-vous ?

En Guyane, les mangroves bordent près de 90 % de la frange littorale soit environ 290 km de côte.

 

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Références scientifiques 

 

Contacts 

  • Romain Walcker, ingénieur au laboratoire EcoLab de Toulouse : romain.walcker at univ-tlse3.fr
  • François Fromard, directeur de recherche au laboratoire EcoLab de Toulouse : francois.fromard at univ-tlse3.fr
  • Selma Cherchali, responsable des programmes environnement continental et hydrologie au CNES : selma.cherchali at cnes.fr