23 Mars 2016

Glaces de mer : 3 ans défilent sous vos yeux

Il y a 3 ans, le satellite franco-indien Saral débutait ses mesures au-dessus des océans Arctique et Antarctique. Une équipe mixte CNES/CLS nous offre une animation de l'extension et de la rétraction de leurs banquises. Ouvrez grand les yeux et suivez la ''respiration des banquises'' !

A gauche, les cartes animées des banquises arctiques observées par le satellite Saral entre le 23 mars 2013 et le 2 janvier 2016. A droite, les banquises entourant le continent Antarctique. En Arctique, les glaces de mer atteignent leur surface minimum en septembre. Au même moment, en Antarctique, les glaces de mer sont à leur extension maximale, disparaissant quasi-totalement en février.''Le gel et le dégel de l’océan s’opèrent en opposition de phase entre les 2 hémisphères en raison de l’inversion des saisons'' souligne Amandine Guillot en charge des études sur la glace de mer au CNES. 

Mais surtout, ''2015 a été une année de triste record pour la couverture des glaces en Arctique. Nos cartes et courbes le confirment. C’est l'une des pires années depuis les premières observations satellites au début des années 80 !''

Nous sommes maintenant capables de fournir des indicateurs quantitatifs des superficies en glaces de mer observées par un satellite altimétrique

Pour Nicolas Picot, responsable des traitements scientifiques et de la qualité des produits des missions altimétriques au CNES, ces cartes sont surtout une ''grande première''. ''Nous sommes maintenant capables de fournir des indicateurs quantitatifs des superficies en glaces de mer observées par un satellite altimétrique. Jusqu'à présent, seuls les satellites américains équipés d'imageurs passifs en donnaient. Nous allons prochainement affiner ces indicateurs en intégrant les données de 2 autres satellites altimétriques européens : Cryosat et Sentinel-3A. Leurs données compléteront à merveille celles de Saral, ces 3 satellites sont en effet placés sur des orbites différentes.'' Dans le contexte du réchauffement climatique, suivre la ''respiration des banquises'' est essentiel.

Vue d'artiste de Saral. Le satellite a été lancé le 25 février 2013 depuis le centre spatial de Satish Dhawan dans le sud de l’Inde. Son orbite fortement incliné (98,55°) lui permet de survoler les hautes latitudes de la Terre. 

Glace fracturée ou continue ? Saral est capable de distinguer les fractures dans la glace. Cette information est importante dans le contexte du réchauffement climatique. Une glace fracturée fond en effet plus rapidement qu’une surface continue. Crédits : Library image.

Saral, le chef de la bande ''Ka''

Contrairement à ses prédécesseurs, l'altimètre de Saral, AltiKa, ausculte la planète en émettant des ondes électromagnétiques d'une fréquence très élevée appartenant à la bande Ka (35,75 GHz). Ses prédécesseurs embarqués sur Envisat, Jason-2, Cryosat... utilisent eux des ondes électromagnétiques de la bande Ku (13,575 GHz). Pourquoi ce changement de bande ? Car la bande Ka permet d'envoyer des ondes électromagnétiques plus nombreuses et avec une empreinte au sol d'un rayon de 5 km environ, 2 fois plus petite que celle des instruments en bande Ku. On observe ainsi avec une meilleure résolution la surface des océans mais aussi des glaces. En 2020, le satellite franco-américain Swot emportera lui aussi un altimètre en bande Ka : Karin. 

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