16 Octobre 2018

[Evénement] BepiColombo : 2 orbiteurs en route vers Mercure

Le 20/10/2018, un vaisseau spatial inédit entamera un périple de 7 ans vers la planète la plus chaude de notre Système solaire dans le cadre de la mission BepiColombo. Il emportera 2 orbiteurs : une 1ere mondiale !

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Long de 6,4 m, le vaisseau spatial est constitué de 4 éléments emboîtés : un module de propulsion, l’orbiteur européen Bepi, un bouclier solaire qui protégera l’orbiteur japonais Mio durant le périple vers Mercure. Arrivée prévue le 5 décembre 2025. Crédits : Airbus.


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Lancement de bepicolombo, en direct, le 19-20/10/18

Suivez avec nous, en direct, le lancement de la mission BepiColombo depuis notre Centre spatial guyanais. Le programme vidéo débutera le 19/10 à 22h30 (heure locale) ; 20/10 à 3h30 (heure e Paris).

> Accès au direct


Jamais une mission n’a envoyé 2 orbiteurs, en même temps, vers une planète pour l’explorer. Plusieurs sondes tournent actuellement autour de Mars mais elles ont fait le voyage séparément, chacune de leur côté. Là, un même vaisseau va parcourir 9 milliards de km pour emmener Mio et Bepi — les surnoms des 2 orbiteurs — vers Mercure, la planète tellurique la moins bien connue de notre Système solaire.

Des glaces d’eau aux pôles ?

Jusqu'à présent, seules 2 missions – américaines – ont exploré Mercure : Mariner 10 lors de 3 survols effectués en 1974 et 1975 et Messenger qui a tourné autour de la planète de 2011 à 2015. A partir du 5 décembre 2025, BepiColombo poursuivra cette histoire et apportera des réponses aux questions qui taraudent les 200 scientifiques qui participent à cette mission, sans doute la plus ambitieuse de l'agence spatiale européenne (ESA) : quelle est l'origine du champ magnétique de Mercure ? Comment la magnétosphère interagit avec le vent solaire ? Quelle est la structure et la composition interne de la planète ? Des glaces existent-elles toujours aux pôles dans les cratères perpétuellement à l’ombre ? Ces glaces sont-elles constituées d’eau ?

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LÉA Griton

« Les 2 orbiteurs sont dotés d’instruments avec des résolutions spectrales et spatiales beaucoup plus fines que Messenger. Ils auront aussi des orbites plus pertinentes autour de Mercure qui sera observée de manière beaucoup plus détaillée sur toute sa surface. C’est comme si vous étiez allés passer un week-end à Rome avec un appareil photo de faible résolution, avec peu de pixels, et que vous y retourniez 10 ans plus tard avec un appareil photo HD » explique Léa Griton, astrophysicienne de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP) et scientifique associée à la mission BepiColombo.

et pourquoi pas un atterrisseur ?

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pierre bousquet

« Au début de la conception de la mission, dans les années 90, il avait été envisagé d’envoyer un atterrisseur. Mais il est vite apparu que c’était trop compliqué. Se poser en douceur sur Mercure, c’est comme se poser sur la Lune, il faut un étage de propulsion pour réduire la vitesse car aucune atmosphère n’est là pour atténuer la chute. Il faut donc prévoir une grande quantité d’ergols, ce qui est lourd et donc couteux, et aurait empêché l’emport d’un 2e orbiteur. Il aurait aussi été très difficile que l'atterrisseur survive aux températures extrêmes de la surface » indique Pierre Bouquet, ingénieur au CNES et chef de projet des contributions française à BepiColombo.

Avec Mercure, une planète encore largement inconnue, on ne peut pas se payer le luxe de privilégier un atterrisseur par rapport à un orbiteur

ajoute Léa Griton. « Un atterrisseur récolte des informations sur un endroit très particulier ; un orbiteur observe toute la surface de la planète ! »

Illustration d’artiste des 2 orbiteurs de BepiColombo. Au 1er plan : la sonde européenne baptisée Bepi. En arrière plan : la sonde japonaise baptisée Mio. Crédits : Spacecraft: ESA/ATG medialab; Mercury: NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington. 

Localisation (en jaune) des glaces repérées par le radar de Messenger en 2011 au pôle Nord de Mercure. Crédits: NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington/National Astronomy and Ionosphere Center, Arecibo Observatory.

Le CNES et BepiColombo 

BepiColombo est une initiative commune des agences spatiales européenne (ESA) et japonaise (JAXA). Le CNES assure la maîtrise d'ouvrage de la contribution instrumentale française pour le compte de l'ensemble des laboratoires français impliqués dans la mission. Cette participation est importante puisque 8 laboratoires français participent à la conception de 6 des 16 instruments des 2 orbiteurs (IAS, IPGP, IRAP, LAM, LATMOS, LESIA, LPC2E, LPP). Le CNES assure aussi le financement de postdoctorants dans ces laboratoires. Crédits image : CNES/PIRAUD Hervé, 2015.