SANS LIAISONS, pas de vie !
Sur Terre, la vie repose sur des molécules de grandes tailles : protéines, graisses, sucres, ADN, ARN… Or qui dit grandes molécules, dit ''mises en contact'' de molécules plus petites. La vie, ce serait un peu comme Viadeo ou LinkedIn, il faudrait ajouter des contacts à son profil. Sauf que là, pas d'envoi d'e-mails, mais des rencontres en direct ! Or, dans les solides, tout est figé, pas moyen de se croiser. Et dans les gaz, les molécules sont très dispersées et limitées à une certaine masse. Trop grosses, elles retombent sous forme de liquide ou de poudre. Les liquides sont eux parfaits : tout est fluide, mouvant... C'est facile de se rencontrer, de réagir ensemble, voire d'établir une liaison…
Des ''microbes verts'' dans les lacs de Titan ?
Sur Titan, le plus grand des satellites de Saturne, la sonde Cassini a découvert d'immenses lacs de méthane et d’éthane. Mais les scientifiques sont unanimes. Impossible d'y trouver des molécules complexes car ces hydrocarbures ne sont pas ''polaires''. Dit prosaïquement : ils ne s'acoquinent pas avec des molécules ne leur ressemblant pas. Résultat : peu de composés chimiques sont solubles dans ces hydrocarbures liquides, au final peu réactifs.
L'eau, au contraire, est une molécule ''polaire'' qui intervient dans de nombreuses réactions chimiques. Toujours prête à se mettre en 3, à donner son oxygène ou ses hydrogènes !
Vue d'artiste d'un lac d'hydrocarbures à la surface de Titan. Crédits : NASA/JPL-Caltech/USGS.
l'énergie, autre ingrédient necessaire
Dans notre Système solaire, 5 lunes cachent des océans d'eau liquide sous leur cuirasse gelée de plusieurs dizaines de kilomètres d'épaisseur : Titan et Encelade (2 lunes de Saturne), Europe, Ganymède et Callisto (3 lunes de Jupiter). Ne pourraient-elles héberger de la vie ? Les scientifiques en doutent. Pourquoi ? Car l'énergie thermique issue du corps rocheux de ces lunes ne serait pas suffisante pour enclencher et entretenir de nombreuses réactions chimiques.
De l'énergie : oui mais pas trop !
En septembre 2015, la NASA a présenté les preuves de l'existence actuelle d'eau liquide fortement salée sur Mars. Mais ces écoulements sporadiques – qui ont lieu tous les étés martiens – reçoivent un déluge de radiations solaires et cosmiques nocives pour la vie, casseuses de molécules organiques complexes.
Il y a des milliards d'années, du temps où Mars avait une atmosphère protectrice, ce n'était pas le cas. Tous les ingrédients étaient présents. On peut alors imaginer une forme de vie émerger et se maintenir dans les lacs et océans de la planète rouge. Des microfossiles maintenant minéralisés, ou des reliques chimiques, protégés dans le sous-sol des rayonnements et des oxydants, pourraient en attester. Reste à les trouver ! Ce sera l'objectif du véhicule européen de la mission ExoMars 2020, capable de forer jusqu'à 2 m de profondeur, de prélever des échantillons et de les analyser afin d’y détecter des traces éventuelles d’une forme de vie passée.

Image par microscopie électronique à balayage de microfossiles (les petits billes en bas) dans des roches terrestres datant de 3.5 milliards d’années. C'est ce genre de microfossiles qui seront recherchés dans le sol de Mars lors de la mission ExoMars 2020. Crédits : Frances Westall, CBM Orléans.