
Le dernier vol habité vers la Lune remonte à 1972 avec la mission Apollo 17 (comic strip extrait de l'album "Vous êtes tous jaloux de mon jetpack" de Tom Gauld. Crédits : éditions 2024/éditions Alto/Tom Gauld.
DES MISSIONS POUR LES 5 ANS A VENIR
En novembre 2017, la Chine a prévu d'envoyer un robot sur la Lune dans le cadre de la mission Chang'e 5. Objectif : prélever un échantillon de sol et le rapporter sur Terre. En 2018, un rover indien devrait arpenter l'astre blanc lors de la mission Chandrayaan-2. Fin 2018, la société SpaceX envisage de réaliser le 1er voyage touristique autour de la Lune. De son côté, la NASA réfléchit à avancer de 2021 à 2018 son vol habité dans l’espace circumlunaire. Le Japon a planifié pour 2019 la mission SLIM qui est un démonstrateur pour un alunissage de précision. La Corée du Sud et la Russie ont aussi des missions dans les tuyaux : Korea Pathfinder Lunar Orbiter, Luna Resurs, Luna Glob. Comment expliquer cette multitude de projets à destination de notre "bon vieux" satellite naturel ?
LA LUNE, VITRINE DE LA MAITRISE DES TECHNOLOGIES SPATIALES
Pour les nations spatiales émergentes, essentiellement asiatiques, la Lune est une excellente cible pour asseoir leurs capacités en terme de lanceurs et de conception robotique. « La Lune, à 3 jours de voyage de la Terre, est un excellent banc de test pour développer les technologies spatiales. Et cela se passe plutôt bien pour la Chine et l'Inde. Les chinois ont un programme lunaire ambitieux qu'ils réalisent en temps et en heure.
Avec la mission Chang’e 5, ils rapporteront d’ici fin 2017 les 1ers échantillons depuis 45 ans.
En 2018, la mission Chang’e 4 consistera à placer un orbiteur relais au point de Lagrange L2 et faire atterrir un rover sur la face cachée de la Lune. Cette face n'a jamais été arpentée ni par un robot, ni par l’Homme » indique Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au CNES. « Ces missions vers la Lune sont aussi une vitrine à usage interne et externe. C'est du soft power. »
En décembre 2013, le rover Lapin de Jade de la mission chinoise Chang'e 3 s'est posé sur le sol lunaire, 37 ans après le robot de la mission soviétique Luna 24. Crédits : Chinese Academy of Sciences.
LA LUNE, tremplin vers MARS
Côté américain, la Lune est considérée comme une étape intermédiaire avant les vols habités vers Mars prévus pour la décennie 2030. « Lorsque le président Kennedy a lancé le programme Apollo au début des années 60, il a multiplié le budget de la NASA par 25 en moins de 5 ans. Aujourd’hui, si on envisageait d’aller directement sur Mars, il faudrait multiplier ce budget peut-être par 10. De nos jours, c’est inconcevable ! L’idée, et c’est ce qui est présenté dans la feuille de route Journey to Mars, c’est d’étaler dans le temps le développement des 11 véhicules nécessaires à une mission habitée à la surface de Mars.
Sur ces 11 objets, 2 sont en cours de développement : le lanceur lourd SLS et la capsule Orion. Il en reste donc encore 9 à développer.

2018 sera l'année du test du lanceur SLS (Space Launch System) avec un 1er vol aller-retour jusqu'à la Lune du véhicule Orion dont la propulsion sera assurée par le module de service européen MPCV (Multi Purpose Crew Vehicle). Cette mission de démonstration devrait se faire sans astronautes à bord. Un second voyage habité est prévu en 2021. Mais la NASA étudie actuellement la possibilité d’envoyer des astronautes, 4 au maximum, dès 2018. Réponse dans quelques mois…
L'espace cislunaire : l'étape n°2 du programme Journey to Mars de la NASA prévue pour 2018-2030. Crédits : NASA.
Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au CNES. Crédits : CNES.
LA FACE CACHEE DE LA LUNE, CONVOITISE DES SCIENTIFIQUES
Au niveau scientifique, une région encore inexplorée par des robots ou des humains suscite l’intérêt des scientifiques : le bassin Aitken. Situé près du Pôle Sud, sur la face cachée de la Lune, ce bassin est le plus grand cratère du Système solaire : 2 500 km de diamètre et 13 km de profondeur. Il est la cible du projet américain South Pole-Aitken Basin Sample Return. Objectif : rapporter de manière robotisée des échantillons de la face cachée de la Lune. « Cette mission permettrait de vérifier l’universalité de la théorie du grand bombardement tardif en datant des roches situées sur la face cachée de la Lune. Aller dans un cratère si profond, c’est aussi contraindre les modèles de l’origine de la Lune avec des échantillons du manteau lunaire. » Cette mission est actuellement en compétition avec 6 autres projets dans le cadre du programme New Frontiers 4 de la NASA. La gagnante sera connue en 2019 pour un lancement vers 2025.
Le bassin Aitken est aussi en ligne de mire de la mission russe Luna-Resurs. L’Agence spatiale européenne y participe à travers la livraison d’une foreuse conçue pour percer le sol lunaire jusqu'à une profondeur de 2 m et récupérer des échantillons lesquels seront analysés dans le laboratoire d’analyse installé à bord de d’atterrisseur. Décollage prévu dans la décennie 2020.
ALLER SUR LA LUNE, UN RêvE D'ENFANTS... ET DE GRANDS !
Fly me to the moon ... Okhttps://t.co/6QT8m5SHwn
— Elon Musk (@elonmusk) 27 février 2017
Fin février 2017, la société SpaceX a annoncé se préparer à envoyer 2 touristes en voyage autour de la Lune pour fin 2018. « Pour les experts de la NASA, Space X en serait capable, mais peut-être pas pour fin 2018. SpaceX n'a encore jamais testé la version lourde de sa fusée Falcon 9, la Falcon Heavy. Un lancement d'essai est prévu pour cet été. Quant au vaisseau spatial Dragon 2 , il sera testé à la fin de l'année 2017 avec un vol de ravitaillement vers la Station spatiale internationale. Le premier vol habité à destination de l'ISS est prévu pour le 2e trimestre de 2018. Il y a donc encore plusieurs étapes clés à franchir avant de voir 2 touristes tourner autour de la Lune » explique Francis Rocard. Mais derrière ce projet, Elon Musk, le patron de SpaceX, ne veut pas décrocher la Lune mais Mars, visée pour 2024.

Une technologie française sur la Lune en 2018
Des micro-caméras du CNES ont été sélectionnées par l’équipe indienne Team Indus pour équiper un rover dont l'envol vers la Lune est prévu début 2018. Elles serviront pour la navigation du petit rover qui devra parcourir au moins 500 m pour gagner les 20 M$ du concours Google Lunar X Prize. Cette mission pourrait devenir la 1ere mission privée vers la Lune. Crédits image : TeamIndus. >> En savoir plus.