22 Mars 2018

[Décryptage] Un réseau 4G sur la Lune : fiction ou réalité ?

Un groupe de scientifiques et d’ingénieurs allemands a annoncé le déploiement d’un réseau cellulaire de type 4G à la surface de la Lune dès l’année prochaine. Un projet ambitieux qui prépare le retour de l’homme sur place.

Etre les premiers

Une équipe allemande prévoit d’envoyer sur la Lune, fin 2019, un module capable de relayer en direct et en vidéo le périple de 2 petits rovers, le tout en liaison 4G. L’idée est partie d’un groupe de scientifiques et d’ingénieurs volontaires allemands, les PT Scientists (pour Part-Time Scientists).

Photo-montage de la future mission « Mission to the moon » avec un des 2 rovers « Audi lunar quattro » (1er plan) et la Jeep lunaire abandonnée sur la Lune en 1972 (au 2e plan). Crédits : PT Scientists.

« Ces gens s’intéressaient depuis plusieurs années à l’exploration de la Lune, raconte François Spiero, responsable de la stratégie au CNES et animateur du groupe de travail de prospective « Vivre au quotidien dans l’espace ». Ils se sont fait connaitre dans le cadre du Google Lunar X Prize, un concours international d’ingénierie parrainé par le géant américain de l’Internet qui visait à envoyer sur la Lune un robot avant le 31 mars 2018. » En début d'année, Google annonce que le prix ne sera pas attribué et qu’il n’y a officiellement aucun gagnant, faute de projets suffisamment aboutis.

Présentation du module de « Mission to the moon » et des 2 petits rovers qui devront parcourir le sol lunaire en 2019. Crédits : Wired.

 

...tôt ou tard il faudra pouvoir communiquer facilement avec la Lune...

L’équipe PT Scientists s’est donc mise en quête de nouveaux partenaires dont l’opérateur de télécom britannique Vodafone et le constructeur automobile Audi qui ont accepté de travailler sur le projet. « Ces grandes firmes se sont probablement dit que tôt ou tard il faudra pouvoir communiquer facilement avec la Lune et que ce serait utile d’avoir un réseau 4G opérationnel sur place, analyse François Spiero. L’histoire nous montre, en effet, que ceux qui sont les premiers à se positionner sur une application numérique, je pense à Google ou à Amazon par exemple, raflent la mise. »

Module lunaire ALINA du projet « Mission to the moon ». Crédits : PT Scientists.

François Spiero, responsable de la stratégie au CNES et animateur du groupe de travail de prospective « Vivre au quotidien dans l’espace ». Crédits : CNES.

 

En direct de la lune

Fin 2019, « Mission to the moon » prévoit donc de lancer un module lunaire à 400 000 km de la Terre. Baptisé ALINA, il emportera une station de base 4G et 2 rovers « Audi lunar quattro » chargés de retrouver le véhicule abandonné de la mission Apollo 17 en 1972, le fameux LVR (Lunar Roving Vehicle) ou Jeep lunaire. Selon les PT Scientists, les images de cet exploit seront diffusées en direct grâce au réseau 4G établi sur place, le module ALINA devant servir d’antenne-relais vers la Terre. Une façon originale de célébrer les 50 ans du 1er pas de Neil Armstrong sur la Lune en 1969.


des écosystèmes sur la Lune et sur Mars

Il y a actuellement un véritable engouement des agences spatiales pour la Lune, notamment depuis l’annonce du président américain, Donald Trump, d’y retourner avec des astronautes. Ceci explique peut-être la motivation du groupe PT Scientists. « L’agence spatiale allemande DLR, elle-même, a toujours dit que l’exploration de la surface lunaire était une de ses priorités, rappelle François Spiero. Les Allemands ont d’ailleurs dans les cartons une ou 2 missions robotiques lunaires. Il y a aussi le fameux "Village lunaire" imaginé par le Directeur Général de l’ESA (et ancien patron du DLR) Jan Wörner. Au CNES, nous sommes perplexe ».

Reportage sur le "Village lunaire" de Jan Wörner, Directeur Général de l'ESA (ancien patron de l'agence spatiale allemande DLR). Crédits : Euronews.

Mais qu’est-ce qui motive cette ambition ? De tous temps, l’homme a toujours voulu aller plus loin, repousser les frontières. « Ce qui se profile actuellement, explique François Spiero. C’est l’idée d’arriver à créer, à terme, de véritables écosystèmes sur la Lune puis sur Mars avec du travail en gravité partielle. » Le projet des PT Scientists aboutira-t-il ? Rien n’est moins sûr…