18 Décembre 2019

[#Ariane40] « J'ai assisté au 1er lancement d'Ariane... Sur un lit d'hôpital ! »

Le 24/12/1979 la fusée Ariane 1 décollait pour la 1ere fois du Centre spatial guyanais. Un exploit européen et français suivi par notre directeur des lanceurs, Jean-Marc Astorg, dans des conditions un peu particulières…
Que faisiez-vous au moment de L01, le 1er lancement d'Ariane, en Guyane le 24/12/1979 ?

Jean-Marc Astorg : A cette époque, j’étais en classe de terminale. Figurez-vous que j'étais dans la promotion « Ariane », c’était prémonitoire… Le 24/12/1979, j’étais à l’hôpital ! J’ai souffert pendant ma jeunesse de problèmes pulmonaires sérieux qui m’obligeaient à faire des aller-retours assez longs à l’hôpital. J’ai donc suivi cet événement sur mon lit, à la télévision, et ce qui m’a sauté aux yeux ou plutôt aux oreilles c’est que tout le monde parlait en français alors que je m’attendais à ce qu’on parle en anglais sur un projet européen… Mais non, les Français avaient réussi à s’imposer et tout cela se passait en Guyane. Il y a d’abord eu le tir avorté du 15/12 puis ensuite le succès du 24/12… Cet événement, assez médiatisé à l’époque, m’a encouragé à réussir ma terminale en obtenant mon bac S puis à suivre des études d’ingénieur. Je ne peux pas dire que je voulais précisément travailler dans le domaine des lanceurs, je n’osais même pas y penser... Ce succès a beaucoup joué sur ma volonté de me battre pour y arriver malgré les pépins de santé.

Qu’est-ce qui a vous donné envie de travailler sur les lanceurs ?

J-M. A. : Au lycée, j’avais envie de faire des études techniques. Je voulais devenir ingénieur, construire des choses. J’ai donc fait 2 années de prépa puis l'Ecole centrale Paris et ensuite je suis arrivé au CNES, un peu par hasard, en répondant à une offre d’emploi. Ça m’a tout de suite plu. Mais je n’avais pas fait d’école spécialisée comme SupAéro, par exemple... On ne peut pas dire que j’avais cette envie de travailler dans les lanceurs depuis tout petit mais cet événement du 1er lancement d’Ariane a vraiment eu une influence positive sur ma volonté de m’accrocher dans mes études.

On fête les 40 ans du 1er lancement d’Ariane dans quelques jours, quel est l’avenir de cette fusée de légende ?

J-M. A. : Pour la suite d’Ariane, nous sommes convaincus, au CNES, que dans un monde de forte concurrence, il faut continuer à innover et concevoir maintenant, en Europe, des lanceurs plus simples, plus économiques et aussi réutilisables. Les moteurs devront également fonctionner au méthane, pour faire baisser les coûts. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé dès 2016 le moteur Prometheus, qui fonctionnera à l’oxygène et au méthane liquide (10 fois moins cher que l’actuel moteur Vulcain 2 d’Ariane 5 qui marche à l’oxygène et à l’hydrogène liquide, NDLR). On réalise aussi actuellement un démonstrateur de 1er étage réutilisable, Callisto, qui pourrait être testé en 2022, en Guyane ainsi que Themis dans la continuité, 10 fois plus gros. Notre feuille de route est claire pour les lanceurs du futur. Nous travaillons d’arrache-pied sur ces 2 priorités : la réutilisation d’étage et la propulsion méthane. Mais bien sûr, avant tout, il faut mettre en service le lanceur Ariane 6 qui sera notre fer de lance avant l’arrivée de cette nouvelle génération de lanceurs !

Jean-Marc Astorg, directeur des lanceurs au CNES. Crédits : CNES/C. Peus.

1er lancement d'Ariane le 24/12/1979 (L01) au Centre spatial guyanais. Crédits : CNES.

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