Le 11/11/2019, un séisme d'une magnitude inhabituelle de 5,4 a secoué le sud de la France, près de Montélimar (Drôme). La ville du Teil (Ardèche) a été la plus touchée. Le séisme a conduit à l’arrêt pour inspection de la centrale nucléaire de Cruas jusqu’à la mi-décembre.
Le lendemain, un satellite Sentinel-1 du programme européen Corpernicus a survolé la zone et transmis ses données radar aux stations sol. L'Agence spatiale européenne (ESA) a alors utilisé le programme Diapason, développé par le CNES et intégré sur la plateforme d’exploitation des géorisques GEP, pour comparer les données radar acquises le 12/11/2019 avec celles du 06/11/2019 sur la même zone. La mise en ligne de la carte de déformation du sol produite, sur le géonavigateur GEP, a été suivie d'un pic de connexions.
En parallèle, des chercheurs à l'IPGP ou au BRGM par exemple, ont utilisé les données libres d'accès des satellites Sentinel-1 pour réaliser des cartes avec leurs propres algorithmes. Tous arrivent à la même conclusion : la zone de rupture repérée s’étend depuis le sud de la ville du Teil, sur 4 km de longueur avec un soulèvement du sol de 5 à 10 cm à certains endroits.
La cicatrice du séisme repérée en surface
Appelées interférogrammes, les cartes réalisées ont ainsi permis d'identifier précisément la faille inverse qui a rompu lors du séisme, appelée « faille de Rouvière ». Dépêchés sur place, des géologues ont confirmé que la rupture s'était propagée jusqu'en surface et mesuré le décalage horizontal et vertical du sol.
Thanks to an amizing work by InSAR guys (@emmanuelmathot @RaphaelGrandin @SotisValkan), we could trace the deformation zone & find out that a surface rupture actually occurred during the M4.9 11/11/19 Le Teil #earthquake.
— Stéphane Baize (@stef92320) November 13, 2019
Tiny offset or fissuring, still there when InSAR suggests pic.twitter.com/tcnF3ZgOt2
Représentation d'artiste d'un satellite Sentinel-1 en orbite à 700 km d'altitude. Crédits : ESA/ATG medialab.
Carte de déformation de sol réalisée par le programme Diapason développé par le CNES et maintenu par TRE ALTAMIRA. Crédits : contains modified Copernicus Sentinel data (2019), processed by ESA.
Sans les satellites Sentinel-1, il aurait été difficile de trouver ces ruptures de surface
Elles sont assez petites et leur interprétation aurait pu être sujette à débat. De plus, la localisation sismologique préliminaire de l'épicentre était décalée de 5 km » indique Raphaël Grandin, chercheur à l’Institut de physique du globe de Paris. « Ces cartes permettent aussi de visualiser les zones de dilatation et de contraction du sol. Cela donne des informations précieuses sur ce qui s’est passé en profondeur. Le glissement est concentré près de la surface, entre 0 et 1 km de profondeur. C'est très superficiel et relativement inhabituel — mais pas inédit. L'interprétation et la validation de ces résultats ainsi que d'autres issus de la sismologie sont en cours » indique l'expert.
Les causes du séisme du Teil restent encore une énigme. Même si plusieurs failles sont recensées dans cette région et marquées sur les cartes géologiques, aucune n’était connue pour être sismologiquement active. L’hypothèse d’une origine liée à l’exploitation de la carrière historique de l’entreprise Lafarge est toujours en cours de d’étude, tout comme de nombreuses autres. Le CNRS vient de lancer une mission d'expertise pour éclairer l'origine de ce séisme atypique.