30 Mars 2018

[Actu] Le CNES surveille la retombée de la station chinoise

A quelques jours de la rentrée atmosphérique de la station spatiale chinoise Tiangong-1, les ingénieurs du CNES pensent que l'événement garantira un espace « propre ».

Une petite station spatiale

La station spatiale chinoise Tiangong-1, à la dérive dans l’espace depuis plusieurs années, devrait finalement plonger dans l’atmosphère le 01/04 à la vitesse folle de 27 000 km/h attirée par la gravité terrestre. 80% de sa structure devrait partir en fumée. Les équipes du CNES suivent cette rentrée avec la plus grande attention : « Cette station avait une certaine durée de vie, rappelle Pierre Omaly, expert en sécurité des rentrées atmosphériques, au CNES. Plusieurs taïkonautes (nom donné aux astronautes chinois, NDLR) ont séjourné à bord. Les Chinois en ont perdu le contrôle en 2016 à cause d’un problème technique. Impossible donc de maintenir son altitude, en orbite basse, à environ 350 km (la Station spatiale internationale, ISS, se situant à environ 400 km d’altitude, NDLR). »

La station spatiale Tiangong-1 pénétrera dans les couches denses de l'atmosphère à la vitesse folle de 27 000 km/h, elle y sera en partie détruite. Ci-dessus : vue d'artiste de la rentrée atmosphérique de l'ATV-5 (véhicule européen de ravitaillement de l'ISS) en 2015. Crédits : ESA-D/Ducros.

...très fréquemment des étages de lanceurs assez volumineux reviennent sur Terre...

Cette rentrée atmosphérique n’a rien d’exceptionnelle : « Il faut savoir que très fréquemment des étages de lanceurs assez volumineux reviennent sur Terre, brulent en partie pendant leur rentrée atmosphérique et finissent leur course dans l’océan, explique Pierre Omaly. En ce qui concerne le volume de l’engin, les ingénieurs sont formels : « la taille de la station Tiangong-1 n’est en rien comparable à celle de l’ISS. Avec ses 8 tonnes, elle est 50 fois moins imposante et même plus petite qu’un vaisseau ATV (le cargo ravitailleur européen de l’ISS contrôlé depuis le CNES de Toulouse entre 2008 et 2015, NDLR) puisque son volume est seulement de 15 m3. »

Pierre Omaly, expert en sécurité des rentrées atmosphériques, au CNES. Crédits : Kevin Figuier.

La station spatiale chinoise Tiangong-1 est une petite structure de seulement 15 m3. Crédits : CNSA.

Un espace durable pour notre vie quotidienne

...il vaut mieux que cette station soit détruite plutôt qu’elle ne génère des milliers de débris...

En fait, cette rentrée atmosphérique incontrôlée n’est pas une si mauvaise nouvelle pour les ingénieurs français, surtout depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur les opérations spatiales (LOS) en 2009 conduite par le CNES et qui vise à offrir un espace « propre » : « il vaut mieux que cette station soit détruite plutôt qu’elle ne génère des milliers de débris car en cas de collision dans l’espace, ces débris deviendraient de véritables dangers pour les satellites opérationnels en orbite. A terme, cela pourraient complexifier, voire menacer les futures missions, explique Laurent Francillout, chef du bureau « LOS & sauvegarde » pour les systèmes orbitaux au CNES. Beaucoup de gens l’ignorent mais aujourd’hui notre vie quotidienne dépend beaucoup des satellites : cartes de navigation sur nos smartphones, connaissance du climat, prévisions météo, télécommunications, télévision, etc… ». Notre vie quotidienne ne peut plus se passer d’un espace durable.

Représentation du nombre d'objets qui encombrent l'orbite basse terrestre (leur taille étant volontairement exagérée). Crédits : ESA.

Au CNES, tous les yeux seront donc rivés sur les écrans radar le 01/04. 3 équipes travaillent main dans la main sur le suivi des rentrées atmosphériques d’objets spatiaux : « Il y a tout d’abord notre Centre d’orbitographie opérationnelle (COO) qui fait partie de la direction du numérique, de l’exploitation et des opérations (DNO), qui assure le suivi des objets spatiaux à l’aide de moyens radar 24h/24, explique Laurent Francillout. Les spécialistes de mécanique spatiale de la sous-direction dynamique de vol, apportent quant à eux, leurs expertises et méthodes sur le calcul d'orbite de ces objets et sur l'évaluation des risques ; enfin, le bureau « LOS & sauvegarde » s'assure de la protection des biens et des personnes lors de ces rentrées, ces 2 dernières entités faisant partie de la direction des systèmes orbitaux (DSO) du CNES. »

Laurent Francillout, chef du bureau « LOS & sauvegarde » pour les systèmes orbitaux, au CNES. Crédits : CNES/N. Tronquart.