19 Juillet 2017

[Image] #Mission Venus : le pergélisol sibérien

Dans la nuit du 1er au 2 août 2017, le satellite franco-israélien Venµs décollera de Guyane à bord d'une fusée Vega (retransmission en direct sur notre site). Pendant 3 ans, l'engin spatial va acquérir, tous les 2 jours, des images de 110 sites de notre planète à la résolution spatiale de 5 m. Zoom sur l'un d'entre eux, hautement emblématique : un pergélisol situé en Sibérie.
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La région de Tcherskii en Sibérie observée le 11 juin 2017 par le satellite européen Sentinel-2A. Crédits : Copernicus 2017, ESA.

2 fois plus de carbone que l’atmosphère

Le pergélisol – plus connu sous son nom anglais, permafrost – désigne les sols gelés en permanence, souvent depuis des milliers d'années. Loin d'être anecdotique, cet écosystème représente 20% des terres émergées de notre planète. Il se trouve principalement dans les régions arctiques : Canada et Sibérie. Qualifié de « bombe climatique » par certains, cet écosystème est particulièrement affecté par le réchauffement de la Terre. Comme le souligne un dossier du CNRS : « le pergélisol dégèle peu à peu sous l’effet du réchauffement climatique. Ce faisant, il libère de puissants gaz à effet de serre, un phénomène largement sous-estimé par les modèles climatiques ». Les scientifiques estiment en effet que le permafrost des régions arctiques contient environ 1700 milliards de tonnes de carbone (issu de la décomposition de végétaux pendant des milliers d'années), soit 50% du carbone des sols terrestres. C’est 2 fois plus de carbone que n’en contient actuellement l’atmosphère !

Améliorer les scénarios de prévision climatique

A partir de novembre 2017 et la fin de la phase de ''recette en vol'', le satellite franco-israélien Venµs fera l'acquisition, tous les 2 jours, des images d'un pergélisol situé en Sibérie russe, près de la ville de Cherskii (Tcherski). « Les données de Venµs seront récupérées via Internet par l'Institut Max-Planck d'Iéna en Allemagne qui pilote ce projet. Elles seront utilisées pour améliorer les cartes de couverture des terres et surtout pour suivre à fines échelles spatiale et temporelle l’évolution de la surface :  couvert végétal, neige, surfaces en eau et inondées… » indique Gérard Dedieu, ingénieur au CNES, responsable scientifique de la mission et chercheur au Cesbio de Toulouse. Objectif : améliorer les scénarios de prévision climatique via une meilleure représentation des rétroactions entre le cycle du carbone et le climat.

Le satellite Venµs en intégration chez l'industriel IAI/MBT en Israël. © IAI/MBT, 2017.

MERLIN mesurera la libération du methane par le pergélisol

En dégelant, le pergélisol libère du carbone mais aussi du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Le futur satellite franco-allemand Merlin sera capable de mesurer ce relarguage dans l'atmosphère terrestre. Son orbite quasi-polaire garantit que les mesures seront réalisées à des latitudes élevées incluant les zones de pergélisol.

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